2002 - De Strasbourg à Paris - 4 au 20 août

Une petite histoire - par Alina

Voilà mon histoire qui, je le reconnais, m'a donné des maux de tête, parce que j'ai eu du mal à trouver les mots les plus appropriés : C'est incroyable comme le temps passe ! Je me trouve devant ce papier blanc essayant d'écrire une petite histoire sur mon voyage en France, et je ne comprends pas que six semaines viennent de s'écouler.

Au début, tout est normal ; Jean-Luc, Georgicà et moi partons en voiture, destination la France, comme si ce pays était à quelques kilomètres de Comarnic. Après deux jours et demi de voyage, nous arrivons à Savigny-le-Temple, et je me rends compte que je vais découvrir un monde bien différent et à la fois familial : je m'y sens chez moi. Il est vrai que je suis déjà venue une fois en France, mais à l'époque, j'étais trop préoccupée par mon baccalauréat pour bien profiter de ce que je voyais.

J'étais logée à Savigny chez Andrée et Jean-Luc, et, en essayant le vélo d'Andrée, j'ai senti que les choses changeaient... J'aimerais bien savoir, un jour, ce que ressentait Jean-Luc alors que je tombais de vélo tout comme un enfant qui apprend avec peine à marcher ! Le pauvre Lucuts faisait une drôle de tête... Et voilà, le grand jour arrive : le 25 juillet 2002 est le début d'une grande aventure. Je n'ai pas l'intention de décrire tout mon voyage à vélo, mais je ne peux pas oublier les premiers jours, lorsque chaque trou était un obstacle inévitable pour moi, lorsque chaque camion me faisait peur, lorsque chaque chauffeur était un ennemi... Je n'oublie pas les jours suivants, quand, ayant domestiqué le vélo, je reste étonnée par la beauté du paysage, par la gentillesse des gens, par la simplicité de pédaler. Je ne peux pas oublier le col du Donon, le premier col que j'ai escaladé de ma vie ; quelques kilomètres où les sentiments de fatigue, de froid, de joie et d'espoir m'ont assailli en même temps. Strasbourg est aussi un beau souvenir ; une ville où l'ancien et le moderne se côtoient, une ville qui semble toujours chanter l'histoire de France.

Comment pourrais-je oublier les soirées dans les différents villages ou villes étapes, ou la journée de repos à Mirecourt, lorsque l'on a donné une aubade sous les halles de la ville et où des gens merveilleux nous ont offert plus que ce que leur rôle leur demandait !

Comment pourrais-je aussi oublier les dernières soirées, quand nous étions devenus si amis que tout le monde chantait, dansait, s'amusait sans tenir compte de l'âge ni de la langue que chacun parlait. L'entrée dans Paris a représenté pour moi une raison d'être heureuse et malheureuse en même temps. Heureuse parce que j'avais réussi à finir ce voyage à vélo qui ne me semblait pas réalisable cinq semaines auparavant. Malheureuse parce que je quittais mes amis, les amis qui avaient été pour moi, pendant ce voyage, une grande famille avec qui j'avais tout partagé : le soleil, la pluie, la fatigue, l'espoir, tout. Je sais, ce n'est pas la fin de notre collaboration, je sais que l'on aura d'autres occasions, mais chaque fois, c'est autre chose. Cette fois, pour moi ça a été un examen de volonté, de courage, de contrôle de moi-même (même si, pour le chocolat, ça n'a pas marché tout le temps).

Je veux remercier encore une fois Cyclo-Camping-International, Savigny-Sans-Frontières, le Savigny-Le-Temple-Cyclotouriste, et les participants à cette "quinzaine CCI" : Mireille Baërd, Jeannot Bénazech, Julien Bobineau, Philippe Brasseur, Philippe Braun, Philippe Cazalis, Gilles Chenuel, Gabriel et Alina Cotinescu, Miron Damian, Georgicà Dràcea, François Duret, Chantal Fournier, Ciprian Gàvozdea, Nathalie Gergois, Joseph Jaunereau, Robert Lecoche, Jean-Claude Lecomte, Claudiu Manea, Jean-Luc Maréchal, Adrian Marinicà, Roseline Mérieau, Gheorghe + Alexandra Neagu, Philippe Orgebin, Jean-Luc Paviot, Jean-Noël Phal, Lucien Philippot, Philippe Roche, Philippe Rossignol, Serge Rousseau, Cathy Sampson, Marius Smàràndoiu, Lee Tae Gyu, et spécialement la famille Maréchal qui nous a beaucoup aidé et sans qui notre voyage n'aurait pas été possible. Grâce à vous tous, chers amis Français, nous avons gagné des souvenirs inoubliables et ainsi, comme je l'ai déjà dit, nous avons gagné la force d'espérer. Grâce à vous, nous avons réussi à prouver encore une fois que la Roumanie est autre chose que les orphelins que l'Occident voit à la télévision, et que nous sommes autre chose que les Tziganes qui volent et qui chantent dans votre métro. Merci beaucoup pour tout, et à la prochaine !

Alina Gheuca. Comarnic, Roumanie.

Quelques clins d'oeil sur notre quinzaine "Gallo Roumaine" - par Jean-Luc

J'ai beaucoup aimé :

La bonne humeur intarissable de Roseline, la "vétérane", et d'Alina "de Sibiu", la benjamine : 13 ans !
Les accueils réservés par les Mairies : nous avons été reçus presque partout, et choyés à Mirecourt !
La rencontre avec Lee, cyclo coréen dont le moral était au plus bas : il voulait vendre son vélo ! Nous l'avons pris deux jours avec nous et requinqué. Il a repris sa route vers le Sud.
Le sourire d'Alina "de Comarnic" qui n'avait quasiment jamais fait de vélo avant de venir à Savigny : le trajet pour se rendre à Strasbourg aura été son initiation ; elle a été ma cuisinière et mon infirmière dévouée !
La disponibilité de Robert, Joseph, Jeannot pour les relations publiques. Les chants entonnés nos amis Roumains qui ont enchanté nos soirées. C'est leur manière de remercier ceux qui nous ont reçu, aidé, ou qui nous ont offert des tartes ou une bouteille de mirabelle ! J'ai eu le privilège à trois reprises d'entendre Cipi et Claudiu chanter a cappella dans des églises, pour eux-mêmes et pour leurs convictions. J'ai profité de ces instants de pure sérénité pour expliquer aux touristes surpris et émus que c'était cela le vrai visage de la Roumanie !
Les poèmes déclamés par Nathalie Gergois et Philippe Brasseur. Une mention pour leur version : le cyclo et son fourbi. (Texte joint)
Les 35 participants dont 11 Roumains, 1 Anglaise, 1 Coréen et un Belge ! Mais seulement 8 femmes...
L'arrivée sur Paris qui fut la cerise sur le gâteau : 20 km d'anthologie pour avoir une vue générale de la ville ! L'histoire ne retiendra pas le nom de celui qui est arrivé le premier en haut des Champs-Élysées... (Voir la revue CCI N°80, page 3).

Jean-Luc Maréchal